" le temps disparaissent.."
Artiste : Sam KEUSSEYAN – Gladiateur Style : Art-Sourd / Expressionnisme contemporain 1. Composition & Gestuelle : un diptyque de visages en tension L’œuvre se structure en deux grandes présences humaines, presque totémiques, qui se font face. Les lignes sont nerveuses, griffées, hachées – une écriture du corps et de l’âme plutôt qu’un simple dessin. Cette gestuelle rapide et incisive évoque l’esthétique de l'expressionnisme néo-primitiviste (dans l’esprit de certains travaux d’artistes comme Basquiat ou Twombly), mais Sam Keusseyan y insuffle une dimension propre à l’Art Sourd : le langage visuel comme cri intérieur. La composition, volontairement fragmentée, donne une impression de miroir brisé : comme si le temps lui-même se fissurait. --- 2. Symbolique des visages : identité éclatée et mémoire en lutte Les deux visages – l'un aux teintes terreuses, l’autre baigné de jaune – apparaissent à la fois humains et masqués. On remarque : • Le visage de gauche Couleurs plus sombres, ocres, verts, noirs. Traits nerveux, presque « scarifiés ». Expression contenue, comme étouffée. Il symbolise le passé douloureux, les blessures muettes, les mémoires enfouies que l’on porte malgré soi. • Le visage de droite Plus lumineux, jaune, presque irradié. Les yeux barrés de lignes claires, comme aveuglés mais éclairés de l’intérieur. La bouche géométrique rappelle un masque rituel ou une grimace de résistance. Il incarne le présent incertain, celui qui cherche à voir, mais dont la vision est entravée, brouillée par le bruit intérieur et social. L’espace entre les deux têtes est un axe vertical, presque une cicatrice lumineuse, symbole de passage, de frontière, de temps qui se déchire. --- 3. Le motif du « temps qui disparaît » Le titre « Le temps disparaissent… » agit comme un soupir visuel. Dans le mouvement de l’Art-Sourd, le temps est souvent vécu autrement : non pas linéaire, mais fragmenté, rythmé par le silence, la visualité, la mémoire du geste. Ici, Sam Keusseyan explore : • La fragilité du souvenir Les stries, les effacements, les superpositions de matières évoquent un temps qui s’effrite, se superpose, se brouille. • L’urgence d’exister Le caractère brut, l’énergie du trait, les couleurs presque criées sont autant de manières de revendiquer : exister maintenant, intensément, malgré ce qui se dissout. • Le rapport du corps sourd au monde Les zones vertes et jaunes, placées autour de la bouche et des yeux, évoquent des canaux de communication différents : le visage devient un territoire de signes, la parole silencieuse (langue des signes), le regard comme code principal. Le « temps qui disparaît » peut aussi alluder au risque constant d’être effacé, oublié ou mal compris dans une société majoritairement entendante. --- 4. Palette & textures : violence, lumière, réparation La matière picturale est dense, grattée, souvent superposée. Les tons dominants – ocres, bruns, verts, jaune citron, gris rosé – produisent une tension entre chaleur et abrasion. Le rouge et le vert autour des bouches et yeux évoquent la vie brute, la parole contenue, le cri interne. Le jaune est porteur de lumière, mais ici il est strié, comme si la clarté elle-même était fragile. Les traits noirs, nerveux, rappellent la calligraphie sourde, les mouvements des mains qui tracent dans l’air. La texture suggère un combat : un travail gestuel où l’artiste gratte pour faire apparaître la vérité, pour déterrer une identité trop souvent camouflée. --- 5. Inscriptions : quand l’écriture devient murmure visuel On devine les mots « LE TEMPS DISPARAÎT » griffonnés à gauche, presque avalés par la matière. Les lettres se mêlent aux formes comme des fragments de voix visuelles. Cela renforce l’idée que le langage – oral ou signé – peut être effacé, mal interprété, réécrit par d’autres. Dans la tradition de l’Art-Sourd, l’écriture n'est pas un simple texte, mais un champ de lutte : pour exister, pour être vu, pour laisser une trace avant que le temps n’efface tout. --- 6. Dimension émotionnelle et politique Au-delà de l’expression individuelle, l’œuvre porte un message collectif : la disparition du temps évoque aussi l’invisibilisation des histoires, des voix et des cultures sourdes. Le face-à-face des deux masques peut être lu comme : un dialogue interrompu, une quête de reconnaissance, ou un combat intérieur entre mémoire et présent, silence et expression. --- Conclusion – Une œuvre comme cri visuel contre l’effacement « Le temps disparaissent… » s’impose comme une œuvre puissante, à la croisée du néo-expressionnisme et du langage visuel propre à l’Art Sourd. Par ses deux visages fragmentés, ses lignes nerveuses et ses inscriptions évanescentes, Sam Keusseyan – Gladiateur explore : la fragilité de la mémoire, la violence du silence imposé, et la nécessité vitale d’exister par l’image et le geste. C’est une peinture de confrontation, de résistance et de vérité brute ... Analyse faite par Eve Bric
Détails
- Type de vendeur Particulier
Nom de l'artiste
Sam KEUSSEYAN-Gladiateur
Types d'oeuvre (choix multiples)
- Oeuvre originale
- Peinture
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